CamerounOnline.ORG | Le Conseil constitutionnel du Cameroun a rejeté la requête de l’opposant Maurice Kamto, contestant son exclusion de la liste officielle des candidats à l’élection présidentielle prévue pour le 12 octobre prochain. Cette décision, qui ne peut faire l’objet d’aucun recours, signifie que Kamto ne pourra pas se présenter face au président sortant Paul Biya.
Les avocats de Kamto ont accepté le verdict, bien que l’un d’eux, Maître Hyppolyte Tiakouang, ait souligné que la décision était davantage politique que juridique. « Nous estimons que les éléments soulevés lors des audiences auraient pu amener le Conseil constitutionnel à revenir sur la décision de l’organe électoral », a déclaré Me Désiré Sikati à la BBC.
Le 12 juillet, Elections Cameroon (Elecam) avait écarté Maurice Kamto de la liste des candidats, en raison d’un double dépôt de candidature sous l’étiquette du même parti politique. En effet, bien que le bureau officiel du Mouvement pour une nouvelle indépendance et démocratie (Manidem) ait désigné Kamto comme son candidat, un autre postulant, issu d’une faction dissidente du même parti, avait également enregistré sa candidature auprès d’Elecam. Ce conflit interne a été à l’origine du rejet de Kamto par l’organe électoral.
Anicet Ekane, président du Manidem, a qualifié l’exclusion de Kamto d’« arbitraire et provocatrice ». Il a exhorté les Camerounais à rester calmes et a affirmé que le dossier avait été porté devant le Conseil constitutionnel pour être tranché.
Ancien ministre délégué à la Justice et candidat arrivé en deuxième position à la présidentielle de 2018, Maurice Kamto ne pouvait cette année compter sur le soutien officiel de son ancien parti, le Mouvement pour la renaissance du Cameroun (MRC). Ce dernier ne remplissait pas les critères requis pour parrainer un candidat, faute d’élus à l’Assemblée nationale ou dans les conseils municipaux. C’est dans ce contexte que Kamto avait rejoint le Manidem, qui dispose d’une représentation locale.
Malgré cette stratégie, sa candidature a été invalidée, illustrant selon plusieurs observateurs les limites imposées à l’opposition dans un paysage politique dominé depuis plus de quarante ans par Paul Biya. Âgé de 92 ans, le président sortant a également vu une tentative interne de contester sa candidature être rejetée par le Conseil constitutionnel.
Sur les 83 candidatures déposées, seulement 13 ont été retenues par Elecam pour participer à l’élection. Parmi les candidats validés figurent l’avocat anticorruption Akere Muna, le leader du Front social démocrate (SDF) Joshua Osih, le député Cabral Libii, ainsi que la maire de Foumban, Patricia Tomaino Ndam Njoya, seule femme en lice cette année.
L’éviction définitive de Maurice Kamto pourrait raviver les tensions, notamment parmi ceux qui considèrent que cette décision vise à empêcher une réelle alternance démocratique. Son exclusion est perçue par certains comme une manœuvre politique pour écarter l’un des rares opposants capables de menacer sérieusement la longévité au pouvoir de Paul Biya.
Avec toutes les voies de recours désormais épuisées, les regards se tournent vers les prochaines étapes du processus électoral et vers la réaction de l’opinion publique, dans un climat déjà marqué par la méfiance et la polarisation politique.