YAOUNDÉ CamerounOnline.ORG | — Anicet Ekane, figure marquante de l’opposition camerounaise, est décédé en détention militaire ce lundi 1er décembre, ont confirmé ses représentants légaux et sa famille. La mort de l’homme de 74 ans intensifie l’examen minutieux du traitement réservé aux détenus suite à l’élection présidentielle contestée d’octobre.
M. Ekane, leader du Mouvement Africain pour la Nouvelle Indépendance et la Démocratie (MANIDEM), s’est éteint au Centre médical de la gendarmerie nationale à Yaoundé. Il était privé de liberté depuis 38 jours, à la suite de son arrestation à Douala le 24 octobre.
Allégations de négligence médicale Des versions contradictoires ont émergé concernant les circonstances du décès. Le ministère de la Défense a déclaré que M. Ekane recevait des soins prodigués par des médecins militaires et personnels pour une maladie chronique, et a annoncé l’ouverture d’une enquête. Le ministre de la Communication, René Emmanuel Sadi, a exprimé ses regrets, notant que le président Paul Biya a ordonné que toute la lumière soit faite sur cette affaire.
Cependant, la famille et l’équipe juridique de M. Ekane allèguent une grave négligence médicale. Son fils, Muna Ekane, a déclaré que son père souffrait de détresse respiratoire depuis une semaine, affirmant aux journalistes que malgré les suppliques de la famille, « rien n’a été fait ». Les avocats de M. Ekane, qui le décrivaient comme pouvant à peine parler quelques jours avant sa mort, ont indiqué que les appels urgents pour son transfert vers un hôpital civil ont été ignorés.
Contexte politique et tensions M. Ekane a été arrêté lors de la répression des manifestations post-électorales, après avoir apporté son soutien au candidat de l’opposition Issa Tchiroma Bakary. Les autorités l’avaient inculpé d’hostilité contre la patrie, d’incitation à la révolte et d’insurrection — des accusations que son parti a rejetées comme étant politiquement motivées.
Ce décès survient dans un climat politique volatil au Cameroun. Le président Paul Biya, âgé de 92 ans, a obtenu un nouveau mandat lors d’une élection qui a déclenché des protestations ayant entraîné la mort d’au moins 48 civils lors d’interventions des forces de sécurité.
Réactions Le parti MANIDEM a qualifié la mort d’« assassinat », tandis que la délégation de l’Union européenne a exprimé sa « profonde tristesse » et renouvelé ses appels à la libération de toutes les personnes détenues arbitrairement depuis l’élection. Les observateurs craignent que la mort de M. Ekane ne déstabilise davantage ce pays d’Afrique centrale, alors que l’opposition continue de contester la légitimité des quatre décennies de règne de M. Biya.
