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Présidentielle au Cameroun : Issa Tchiroma Bakary promet le retour au fédéralisme et la double nationalité dans une campagne marquée par une mobilisation massive

CamerounOnline.ORG | Douala, Cameroun — 6 octobre 2025. Des dizaines de milliers de personnes se sont rassemblées dimanche à Douala pour accueillir Issa Tchiroma Bakary, candidat à l’élection présidentielle du 12 octobre et président du Front national pour le salut du Cameroun (FNSC). L’ancien ministre, devenu figure de proue de l’opposition, a tenu un meeting spectaculaire derrière l’esplanade du stade Omnisports, marquant une nouvelle étape dans une campagne électorale qui s’annonce historique.

Malgré huit heures d’attente sous une pluie battante, les partisans du candidat sont restés déterminés. « Il est tellement aimé par le peuple camerounais, je ne pense pas qu’on ait déjà vu une foule pareille », a confié Mohamadou Hadji, présent sur les lieux. « C’est une preuve éclatante du soutien des Camerounais à Issa Tchiroma Bakary, à qui nous promettons une victoire à 100 % le 12 octobre. »


Une campagne sous le signe du défi et de la ferveur populaire

Arrivé à Douala après des étapes à Buea et Limbé, dans les régions anglophones, Issa Tchiroma a été accueilli comme une véritable star. Sur son parcours, des milliers de personnes ont bordé les routes pour saluer son passage. Face à la foule, le candidat a lancé un appel direct au président sortant Paul Biya, l’invitant à reconnaître le verdict des urnes.

« Vous appellerez votre adversaire, choisi par le peuple, pour lui dire : “Monsieur le Président, je concède la défaite. Félicitations, et aujourd’hui, vous entrez dans l’histoire !” », a-t-il déclaré sous les acclamations.

L’ancien ministre a également dénoncé les menaces qu’il aurait reçues de la part du pouvoir en place et a averti l’administration territoriale, la commission électorale et le Conseil constitutionnel qu’en cas de fraude, « le peuple exigera sa victoire par tous les moyens nécessaires ».

Une vision de transition et de refondation nationale

Ce rassemblement à Douala faisait suite à celui du 3 octobre dans le quartier Tsinga à Yaoundé, où Tchiroma avait déjà appelé les « occupants du palais d’Etoudi » à « préparer leurs bagages ». Le candidat affirme que « le pouvoir reviendra au peuple après le vote » et qu’une nouvelle ère politique s’ouvrira.

Âgé de 76 ans, Issa Tchiroma Bakary articule son programme autour de six axes : la réconciliation nationale, l’audit complet de l’appareil d’État, la réforme constitutionnelle, la reconnaissance de la double nationalité, la participation accrue des jeunes et des femmes à la gouvernance, ainsi que l’accès universel à l’électricité et à Internet.

Il promet un mandat unique de transition pour jeter les bases d’une « nouvelle République » fondée sur la transparence et la responsabilité. Sa campagne a rallié plusieurs figures de la société civile et de l’opposition, parmi lesquelles Anicet Ekane, président du MANIDEM, et le professeur Jean Calvin Aba’a Oyono, conseiller politique du Mouvement pour la renaissance du Cameroun (MRC).

Fédéralisme et double nationalité : deux promesses phares

Lors de son meeting du 5 octobre à Douala, Tchiroma a dévoilé deux engagements majeurs : le retour au fédéralisme et la reconnaissance de la double nationalité pour les Camerounais de la diaspora.

Le candidat souhaite renouer avec l’organisation fédérale que le Cameroun avait connue entre 1961 et 1972, avant le passage à un État unitaire. Ce modèle, selon lui, permettrait une meilleure représentation des diversités régionales et une gestion plus équilibrée du pouvoir.

Concernant la nationalité, Tchiroma s’est engagé à réformer le Code de 1968, qui interdit encore la double nationalité. Il estime cette loi « archaïque et discriminatoire », rappelant que de nombreuses personnalités publiques détiennent déjà plusieurs passeports sans en subir les conséquences. Pour lui, la reconnaissance officielle de la double nationalité renforcerait les liens entre le Cameroun et sa diaspora, considérée comme un pilier du développement national.

« Un instrument entre les mains de Dieu et du peuple »

Issa Tchiroma affirme ne pas rechercher la gloire personnelle. « Ce n’est pas Tchiroma qui est important. Non. Tchiroma n’est qu’un instrument entre les mains de Dieu et du peuple », a-t-il déclaré. Il a ajouté que « le peuple est fatigué » et que la fin du régime actuel est inévitable.

Il a prophétisé « la mort politique du régime Biya » dès le lendemain du scrutin, promettant que « ceux qui occupent aujourd’hui Etoudi devront faire leurs bagages le 13 octobre ».

Une élection décisive pour l’avenir du Cameroun

Le scrutin du 12 octobre intervient dans un contexte tendu. Le président Paul Biya, âgé de 92 ans et au pouvoir depuis 43 ans, brigue un nouveau mandat. Face à lui, une opposition divisée mais de plus en plus dynamique tente de rallier l’électorat.

Pour de nombreux observateurs, Issa Tchiroma Bakary s’impose aujourd’hui comme le principal challenger du pouvoir en place. « Pour beaucoup de jeunes, il incarne l’espoir d’une alternance démocratique », estime Frank Lontsi, ingénieur de 32 ans présent au meeting de Yaoundé.

Alors que la campagne entre dans sa dernière ligne droite, le climat politique au Cameroun reste électrique. Si l’issue du scrutin demeure incertaine, la mobilisation massive autour d’Issa Tchiroma Bakary témoigne déjà d’un profond désir de changement au sein de la société camerounaise.

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