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Soutien des chefs traditionnels Sawa au RDPC : une démarche sincère ou un rituel politique bien rodé ?

CamerounOnline.ORG | Le mercredi 6 août 2025, une délégation de trente chefs traditionnels Sawa, venus des régions du Sud, du Littoral et du Sud-Ouest du Cameroun, a été reçue au Palais de l’Unité. Cette audience, sollicitée par les chefs eux-mêmes, visait à exprimer leur soutien au candidat du Rassemblement Démocratique du Peuple Camerounais (RDPC), qu’ils ont qualifié de “meilleur garant de la paix et du développement”.

La rencontre s’est tenue en présence de Ferdinand Ngoh Ngoh, Ministre d’État, Secrétaire Général de la Présidence de la République et président du Comité stratégique en charge de préparer la campagne du président sortant, Paul Biya. Un rôle qui place ce haut responsable au cœur de la machine politique présidentielle.

Mais que signifie réellement cet acte de soutien ? Est-il le fruit d’un engagement réfléchi et représentatif des communautés locales, ou bien s’agit-il d’un exercice symbolique désormais habituel à l’approche d’une élection ?

Les chefs traditionnels, figures d’autorité respectées dans leurs communautés, jouent depuis longtemps un rôle ambigu dans la sphère politique camerounaise. Officiellement apolitiques, ils sont pourtant souvent sollicités — voire instrumentalisés — lors des échéances électorales. Cette nouvelle démonstration de loyauté envers le RDPC s’inscrit dans une tradition bien établie, où les élites coutumières affichent leur proximité avec le pouvoir en place.

Derrière les déclarations de soutien se pose la question de la représentativité réelle de ces chefs. Parlent-ils au nom de leurs populations ou bien expriment-ils une adhésion personnelle (ou stratégique) à un appareil politique centralisé et puissant ? Dans un contexte marqué par une demande croissante de renouveau démocratique et de réformes institutionnelles, certains observateurs y verront une posture conservatrice, en décalage avec les aspirations de la jeunesse et des mouvements civils émergents.

Il est également pertinent de s’interroger sur le timing et les conditions de cette audience. À moins d’un an des élections, et dans un climat où la transparence du processus électoral reste sujette à controverse, ces gestes de soutien résonnent moins comme des engagements sincères que comme des signaux de fidélité envoyés au sommet de l’État.

En définitive, si le soutien des chefs Sawa au RDPC est présenté comme un acte volontaire et symbolique de stabilité, il n’en demeure pas moins que sa portée réelle, tant sur le plan électoral que sociopolitique, mérite d’être examinée avec lucidité. Dans une démocratie en quête de crédibilité, les formes de mobilisation politique gagneraient à être plus inclusives, moins rituelles, et davantage ancrées dans les préoccupations concrètes des citoyens.

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