Capitaine Ibrahim Traoré

Burkina Faso : refus d’accueillir des expulsés américains, Washington suspend les visas

CamerounOnline.ORG | Le Burkina Faso a refusé d’accueillir sur son territoire des migrants expulsés des États-Unis, entraînant en représailles la suspension temporaire de la délivrance de visas américains dans le pays. Ce nouvel épisode illustre la dégradation des relations entre Ouagadougou et Washington.

Un désaccord diplomatique ouvert

Le ministre burkinabè des Affaires étrangères, Karamoko Jean-Marie Traoré, a confirmé jeudi avoir rejeté une proposition américaine visant à transférer vers le Burkina Faso des migrants issus de pays tiers.
« Est-ce une manière de nous mettre la pression ? Est-ce du chantage ? Quelle que soit la nature de cette démarche, le Burkina Faso est une terre de dignité, une destination, pas un lieu d’expulsion », a-t-il déclaré à la télévision nationale.

Selon le chef de la diplomatie burkinabè, cette offre aurait été formulée à plusieurs reprises par l’ambassade des États-Unis à Ouagadougou, avant d’être définitivement écartée par son gouvernement.

Réponse américaine : suspension des visas

Quelques heures après cette déclaration, l’ambassade américaine a annoncé la suspension temporaire de la délivrance de visas dans le pays.
Les ressortissants burkinabè devront désormais se rendre dans la capitale du Togo, Lomé, pour toute demande de visa touristique, étudiant, professionnel ou d’immigration.

Dans une note diplomatique citée par des médias locaux, les États-Unis expliquent que le Burkina Faso figure désormais sur une liste de pays dont les ressortissants n’auraient pas respecté certaines obligations liées aux visas américains.

Le département d’État a justifié cette mesure par la volonté de Washington de « mettre fin à l’immigration illégale et de renforcer la sécurité des frontières américaines ». Le département de la Sécurité intérieure (DHS) n’a pas encore réagi publiquement.

Relations tendues entre Ouagadougou et l’Occident

Dirigé depuis un coup d’État militaire en 2022 par le capitaine Ibrahim Traoré, le Burkina Faso a multiplié les gestes d’émancipation vis-à-vis des puissances occidentales.
Le chef de l’État, qui se présente comme un défenseur du panafricanisme, prône une politique d’indépendance face à ce qu’il décrit comme des formes de « domination impérialiste ».

Ce refus d’accueillir des expulsés américains s’inscrit dans cette logique de rupture diplomatique progressive, amorcée notamment par le retrait du pays de la CEDEAO et le renforcement de ses liens avec la Russie.

Des précédents sur le continent africain

Les États-Unis ont déjà signé des accords similaires avec plusieurs pays africains, dont l’Eswatini, le Ghana, le Rwanda et le Soudan du Sud, qui ont accepté d’accueillir des migrants expulsés du territoire américain.
En revanche, d’autres États, tels que le Nigeria, ont également refusé d’adhérer à ces arrangements, invoquant des raisons de souveraineté nationale et de dignité.

Un symbole politique fort

Pour le gouvernement burkinabè, la question dépasse le simple cadre migratoire.
« Cette proposition, que nous avons jugée indécente, va à l’encontre du principe même de la dignité », a affirmé le ministre Traoré.

En maintenant sa position face à Washington, Ouagadougou entend réaffirmer son autonomie diplomatique, au moment où plusieurs États africains cherchent à redéfinir leurs relations avec les puissances occidentales.

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