CamerounOnline.ORG | À l’approche de l’élection présidentielle prévue le 12 octobre, l’opposant Akere Muna a ravivé le débat politique en contestant formellement l’éligibilité du président sortant Paul Biya.
Le 19 août, Muna a saisi le Conseil constitutionnel, demandant que Paul Biya, âgé de 92 ans et au pouvoir depuis plus de 43 ans, soit déclaré inéligible. Candidat du Rassemblement démocratique du peuple camerounais (RDPC) pour un huitième mandat, Biya se voit accusé par Muna de ne plus remplir les conditions nécessaires pour gouverner.
L’opposant s’appuie sur l’article 118 du code électoral, qui rend inéligibles les personnes placées dans une situation de dépendance vis-à-vis d’autrui, d’une organisation ou d’une puissance étrangère. Selon Muna, l’état de santé du chef de l’État le place justement dans cette situation de dépendance.
« Il règne mais ne gouverne pas »
Dans sa déclaration, Akere Muna a regretté que la question centrale de la capacité de Paul Biya à gouverner ne soit pas au cœur du débat.
« C’est désolant que le seul point absent du débat soit justement le plus important : est-ce que le président Biya a encore toutes les capacités nécessaires pour être candidat ? »
Il cite plusieurs signes de désengagement :
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Paul Biya n’a pas présidé le Haut Conseil de la magistrature depuis six ans, laissant quatre ministres assurer la fonction.
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Le président est rarement apparu en public, même lors de visites officielles à l’étranger.
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Malgré son âge avancé, il n’a officiellement pris aucun congé depuis plus de dix ans.
Muna conclut :
« Paul Biya règne, mais ne gouverne pas. À 92 ans, invisible pour le peuple, peut-il encore diriger le pays pour un nouveau mandat ? J’espère que le Conseil constitutionnel pensera à la nation. Sinon, l’histoire retiendra que nous avons manqué une occasion de régler ce problème. »
La réaction du RDPC
Du côté du parti présidentiel, la riposte se prépare. Interrogé par RFI, Grégoire Owona, secrétaire général adjoint du RDPC, a affirmé que le parti travaille à une réponse destinée au Conseil constitutionnel afin de défendre la candidature de Paul Biya.
Un débat crucial pour l’avenir du Cameroun
Même si Muna reconnaît que sa requête a peu de chances d’aboutir, son initiative a déjà permis de recentrer le débat sur la capacité réelle de gouvernance. Dans un contexte marqué par des défis économiques, politiques et sécuritaires, la question de savoir si un président de 92 ans peut encore diriger efficacement le pays dépasse le simple cadre juridique.
La décision du Conseil constitutionnel sera donc scrutée de près. Quelle que soit son issue, une chose est certaine : Akere Muna a ouvert une brèche dans le débat national, posant une question fondamentale que beaucoup évitaient jusque-là : Paul Biya peut-il encore gouverner le Cameroun, ou se contente-t-il de conserver le pouvoir ?