CamerounOnline.ORG | Yaoundé, Cameroun La guerre froide administrative qui mine le football camerounais depuis des mois semble avoir atteint son paroxysme. Après une longue période de tensions latentes entre le Ministère des Sports (MINSEP) et la Fédération Camerounaise de Football (FECAFOOT), le sélectionneur Marc Brys a exprimé sa profonde frustration concernant les conditions de travail au sein de la tanière des Lions Indomptables. Cette sortie médiatique marque une rupture visiblement définitive avec le président de la FECAFOOT, Samuel Eto’o.
Dans une interview sans concession accordée au média belge HLN cette semaine, le technicien de 62 ans a déclaré qu’il en avait « assez », signalant l’épuisement de sa patience face à ce qu’il décrit comme une campagne de sabotage à son encontre.
Une « énième farce »
Les propos de Marc Brys interviennent dans un contexte tumultueux où l’équipe nationale se retrouve prise en otage par une impasse bureaucratique. Qualifiant la situation de « farce », le Belge a détaillé un environnement de travail pollué par la négativité et les obstacles logistiques.
« J’en ai assez maintenant », a confié Brys à la presse belge. « L’objectif de Samuel Eto’o a toujours été de se débarrasser de moi. Dès la première minute, il m’a insulté, et j’ai répondu. Il y a trop de négativité pour faire du bon travail. »
Nommé par le Ministère des Sports en avril 2024 — une décision qui avait contourné le Comité Exécutif de la FECAFOOT — l’entraîneur affirme que son staff technique a été systématiquement miné. Il pointe du doigt le limogeage de ses collaborateurs clés et la nomination de personnes qu’il juge non préparées, qualifiant ces actes de « coup d’État illégal et ridicule ».
La position de la FECAFOOT : Insubordination et manquements
Si Marc Brys présente la situation comme un sabotage orchestré, la FECAFOOT maintient que la rupture avec le Belge est motivée par des fautes professionnelles graves.
À la suite d’une réunion du Comité d’Urgence, l’instance faîtière a énuméré une liste de griefs contre l’entraîneur, l’accusant formellement d’« insubordination ». Parmi les raisons officielles invoquées figurent :
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Le refus d’assister aux séances de travail obligatoires.
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La publication des listes de joueurs sans l’aval de la fédération.
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Le non-respect des chartes marketing.
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L’incitation à la rébellion au sein du groupe de joueurs.
Pour la Fédération, les frictions ne relèvent pas d’un conflit de personnes, mais d’un échec structurel de l’entraîneur à respecter la hiérarchie institutionnelle.
Une équipe prise en étau
Pour le public camerounais, ce timing est particulièrement inquiétant. À quelques semaines seulement de la Coupe d’Afrique des Nations (CAN) 2025 au Maroc, les Lions Indomptables se retrouvent dans une zone de turbulences majeure.
Malgré le chaos administratif, le bilan sportif de Brys restait jusqu’ici globalement positif, avec une seule défaite en 15 matchs. Cependant, ses détracteurs soulignent que la discorde interne commence à gangrener la cohésion nécessaire pour les échéances à venir, notamment les qualifications pour la Coupe du Monde.
Et maintenant ?
Alors que la poussière retombe, David Pagou a été désigné pour diriger le staff technique, avec la lourde tâche d’unifier un vestiaire tiraillé entre deux directions depuis près d’un an.
Pour les supporters de Douala, de Yaoundé et de la diaspora, une question demeure : les Lions Indomptables pourront-ils surmonter ce séisme administratif avant la CAN, ou la lutte de pouvoir entre le Ministère et la FECAFOOT coûtera-t-elle au pays une nouvelle chance de gloire continentale ?
En guise d’avertissement sur l’état actuel de la gestion du football camerounais, les mots de Brys résonnent lourdement : « Ils sont jetés aux loups. Cela n’arrive nulle part ailleurs dans le monde. »
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