Human Rights Watch accuse le Cameroun de meurtres, de torture et d’arrestations massives après une élection contestée

CamerounOnline.ORG | Human Rights Watch (HRW) a accusé les forces de sécurité camerounaises d’avoir tué des manifestants, torturé des détenus et procédé à des arrestations massives à la suite de l’élection présidentielle controversée du mois dernier.

L’organisation de défense des droits humains a déclaré que les forces de sécurité avaient utilisé des balles réelles et des gaz lacrymogènes pour disperser les manifestations menées par l’opposition après le scrutin du 12 octobre. HRW rapporte que des dizaines de personnes ont été tuées et que des centaines d’autres ont été arrêtées dans ce qu’elle qualifie de « répression brutale » de la dissidence.

Selon HRW, les troubles ont éclaté après l’annonce de la réélection du président Paul Biya, au pouvoir depuis 1982, avec 53,66 % des voix. Son principal rival, Issa Tchiroma Bakary, a rejeté les résultats et s’est proclamé vainqueur légitime, dénonçant une fraude massive.
Âgé de 92 ans, Paul Biya a prêté serment pour un huitième mandat le 6 novembre. Le scrutin, entaché d’irrégularités selon l’opposition, a déclenché de vastes manifestations dans plusieurs grandes villes du pays, notamment à Yaoundé, Douala et Bamenda.

Des témoins ont indiqué à Human Rights Watch que les forces de sécurité avaient ouvert le feu sur des manifestants et mené des perquisitions maison par maison dans les bastions de l’opposition. « Certains détenus ont été battus ou torturés », a déclaré HRW, citant des témoignages d’avocats et de familles.
Des avocats représentant des détenus ont affirmé à l’organisation que plus de 2 000 personnes avaient été arrêtées, dont des mineurs. Beaucoup seraient détenues sans inculpation ni accès à un avocat. Certains auraient été transférés au Secrétariat d’État à la Défense, un lieu déjà cité par HRW dans de précédentes enquêtes sur des cas de torture.

HRW a précisé que les personnes arrêtées étaient accusées de crimes graves tels que « l’insurrection », la « rébellion » ou « l’hostilité envers la patrie », certaines risquant la peine de mort. L’organisation estime que ces accusations sont souvent politiquement motivées et dépourvues de fondement.
L’organisation a également dénoncé les restrictions à la liberté d’expression et de réunion, notant que plusieurs journalistes avaient été arrêtés alors qu’ils couvraient les manifestations. HRW appelle les autorités camerounaises à libérer toutes les personnes arrêtées pour avoir exercé pacifiquement leurs droits, et à garantir des procès équitables pour les autres.

Human Rights Watch exhorte le gouvernement à mener des enquêtes indépendantes sur les meurtres et les abus présumés commis par les forces de sécurité. Elle appelle également les responsables politiques à s’abstenir de tout discours incitant à la violence et à privilégier le dialogue pour apaiser les tensions.

Les autorités camerounaises ont reconnu la mort de « plusieurs dizaines » de personnes lors des troubles, tout en affirmant que des enquêtes sont en cours. Elles ont nié toute pratique systématique d’abus et soutiennent que les forces de sécurité ont agi dans le respect de la loi.
Cette répression suscite une vive inquiétude parmi les observateurs internationaux et les organisations de défense des droits humains, qui craignent que les violences post-électorales ne creusent davantage les divisions dans ce pays d’Afrique centrale déjà confronté à des conflits dans les régions anglophones et à l’insécurité dans l’Extrême-Nord.

Human Rights Watch conclut que les événements récents au Cameroun soulignent l’urgence de rendre des comptes et de respecter les libertés fondamentales, affirmant que « le cycle de la répression doit cesser pour éviter de nouveaux bains de sang ».

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