Une récente affaire judiciaire en Suisse a braqué les projecteurs sur le mode de vie luxueux et controversé de la famille dirigeante du Cameroun. Comme l’a rapporté SWI swissinfo.ch, Brenda Biya, fille du président camerounais Paul Biya, a été condamnée à Genève pour diffamation, calomnie et injure suite à une dispute sur les réseaux sociaux avec la chanteuse camerounaise-nigériane Dencia. Les insultes, qui comprenaient des accusations de trafic de drogue et de fraude, découlaient d’un désaccord concernant les autorisations de produits de beauté.
Si l’altercation elle-même a suscité l’intérêt du public, le journaliste François Pilet – qui écrit pour SWI swissinfo.ch et le média d’investigation Gotham City – affirme que l’histoire réelle se trouve au-delà de la salle d’audience. L’affaire confirme ce qui était pressenti depuis longtemps : que Brenda Biya réside à temps partiel à Genève depuis l’âge de 12 ans, avec une suite de luxe réservée à l’année pour elle à l’hôtel cinq étoiles InterContinental.
Le financement de tels séjours somptueux soulève des questions majeures. François Pilet et d’autres journalistes d’investigation affirment que les coûts sont très probablement couverts par les fonds publics camerounais – tout comme les séjours de son père. Le président Paul Biya, qui dirige le Cameroun depuis plus de quarante ans, est connu pour ses longs voyages privés à Genève, restant souvent pendant des mois avec un entourage d’environ 60 personnes, occupant un étage entier d’hôtel. Selon l’Organized Crime and Corruption Reporting Project (OCCRP), Paul Biya a passé plus de quatre ans à l’étranger entre 1982 et 2018, avec des dépenses atteignant au moins 150 millions de francs suisses (environ 177 millions de dollars américains), y compris jusqu’à 40 000 francs suisses par nuit pour les séjours à l’hôtel.
François Pilet, co-auteur du documentaire de 2018 intitulé Genève, un paradis pour les dictateurs, qualifie ces dépenses d’outrageantes, surtout si l’on considère les difficultés économiques auxquelles est confrontée la population camerounaise. L’insécurité alimentaire, les conflits armés et le chômage ravagent la nation, tandis que son président et sa famille vivent dans l’opulence à l’étranger.
Un journaliste camerounais interviewé par SWI swissinfo.ch, qui a souhaité rester anonyme pour des raisons de sécurité, a fait écho à l’indignation publique généralisée : « Il est inacceptable pour la majorité de la population que leur président vive dans le luxe à l’étranger, alors que son pays est ravagé par les crises économiques, les pénuries alimentaires et les conflits internes. »
Brenda Biya, qui a refusé de divulguer sa situation financière lors du procès à Genève, reste une figure énigmatique. La liberté de la presse étant sévèrement restreinte au Cameroun – où des journalistes ont été torturés et assassinés – enquêter sur le détournement de fonds publics est à la fois dangereux et extrêmement difficile.
Comme l’illustre cette affaire, les procédures judiciaires en Suisse pourraient avoir des implications de grande portée, non seulement pour Brenda Biya mais aussi pour la surveillance mondiale du mode de vie extravagant et prétendument financé par l’État de la famille Biya. Le rapport de SWI swissinfo.ch ajoute un nouveau chapitre aux préoccupations croissantes concernant la gouvernance, la responsabilité et les droits de l’homme au Cameroun.
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